vendredi 12 février 2010

SAP-Nivel Avanzado. Février 2010

Chat
Statistiques ethniques : "Mesurer l'écart de l'idéal à la réalité"
LEMONDE.FR | 05.02.10 Laetitia Van Eeckhout et Laure Belot

AFP/PATRICK KOVARIK

François Héran, l'ancien directeur de l'Institut national d'études démographiques (INED), et président du Comité pour la mesure et l’évaluation de la diversité et des discriminations (Comedd), le 4 février 2010 à Paris dans son bureau.


L'intégralité du débat avec François Héran, président du Comité pour la mesure de la diversité et l’évaluation des discriminations, ancien président de l'INED, vendredi 5 février 2010
Karim : Le seul moyen de lutter contre les discriminations est-il d'avoir des statistiques ?
François Héran : Evidemment non. Les statisticiens n'ont jamais pensé que la statistique était en elle-même un moyen de lutter contre les discriminations. Le taux de chômage, par exemple, n'est pas en soi une mesure contre le chômage. En revanche, impossible de lutter contre le chômage si on n'a aucune idée de son évolution. C'est la même chose pour les discriminations : c'est un auxiliaire nécessaire mais pas suffisant.
Youssef : En quoi ces statistiques sont utiles pour la France ?
Ces statistiques permettent de savoir en quoi notre idéal républicain d'égalité est réellement mis en œuvre. Il faut mesurer l'écart de l'idéal à la réalité. L'immense majorité de la population française, d'après tous les sondages, est convaincue qu'il est nécessaire de lutter contre les discriminations pour assurer l'égalité.
TSK : Certains rejettent ces statistiques ethniques. Ce rejet n'est-il pas un moyen de minimiser l'ampleur des discriminations, et de masquer l'inefficacité de la lutte contre ces dernières (Halde, etc.) ?
Il faut d'abord savoir ce qu'on entend par "statistiques ethniques". Notre comité a consacré beaucoup de temps à cette affaire. Il existe, c'est vrai, un déni de réalité dans le fait de ne rien vouloir savoir des origines, alors qu'on sait que c'est une source importante de discriminations. Le problème est de savoir quels critères ou quelles "variables" il est possible d'utiliser pour cela.
T.P. Burnin Wood : Quelle définition exacte donnez-vous du terme "ethnique" ?
Le Comedd a trouvé au moins cinq définitions. Il y a, bien sûr, les ethnies au sens où elles sont officialisées dans les pays du Sud (bambara, peul, soninké, hmong, etc.). Il arrive parfois que certaines enquêtes enregistrent ce genre de données (par exemple pour montrer l'importance des solidarités ethniques chez les migrants). Les juristes utilisent assez souvent ethnique comme synonyme de racial, ce que les anthropologues n'acceptent pas. Et puis, il existe aussi un sens très répandu en Europe et chez les statisticiens : sont ethniques des statistiques qui font simplement référence aux origines nationales, alors qu'on est installé dans un autre pays.
bvsc : Les Américains, qui sont à ma connaissance une démocratie, spécifient naturellement l'appartenance à une ethnie, comme quelque chose de naturel. Nous sommes encore sous le traumatisme de Vichy, ça se comprend, mais il faudrait être capable d'évoluer et d'appeler un chat un chat sans y mettre d'arrière-pensée raciste. Qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas d'accord : ce que vous jugez "naturel" est en fait le produit d'une histoire très particulière, qui comporte notamment une longue période de discrimination légale envers les minorités noires et asiatiques. Les études faites sur la sensibilité des Français à cet égard montrent que l'acceptabilité de tels critères en France reste limitée. Ce n'est pas du tout dans nos traditions.
TSK : La discrimination se faisant généralement au faciès et non à la nationalité, ne serait-il pas pertinent de recenser en fonction du "ressenti" des individus plutôt qu'en fonction de leur nationalité ou celle de leurs parents ?
"Recenser" n'est pas le bon terme ; je me place uniquement dans le cadre d'enquêtes qui ne créent pas de fichiers. Par ailleurs, ce que vous suggérez, à savoir l'auto-classification dans un registre ethnoracial, est possible en France, mais uniquement dans des enquêtes de recherche ou d'évaluation qui doivent être soumises au contrôle de la CNIL. Dans un recensement ou dans de grandes enquêtes courantes de la statistique publique, c'est évidemment exclu.
JB : Les statistiques ethniques ne forment-elles pas un pas de plus vers le communautarisme ?
C'est vrai pour des statistiques qui permettraient de recueillir des appartenances ethniques revendiquées, avec demande à bénéficier d'un traitement à part dans la République. Très rares sont les enquêtes qui reposent sur cette attitude. Si la composante ethnique se borne à recueillir des nationalités d'origine ou des affiliations ethniques reconnues au pays d'origine, le risque que vous signalez me semble minime. Cela dit, il est toujours possible de faire des enquêtes sur le sentiment communautaire lui-même, afin de voir dans quelle mesure il se développe dans le sens communautariste.
Jean-Luc Paquette : Qu'entendez vous par lutter contre la discrimination ? De la discrimination positive ?
Lutter contre les discriminations, c'est d'abord les montrer, c'est-à-dire révéler leur ampleur et décortiquer leur mécanisme. Exemple de l'entreprise : la discrimination survient-elle plutôt à l'embauche ou plutôt dans le cours de la carrière ? Est-elle perceptible dans les sanctions, les licenciements, etc.? En fonction de ce qu'on découvre, on saura mieux sur quel processus agir pour battre en brèche les discriminations. Ceci vaut pour les discriminations indirectes, pas nécessairement intentionnelles. Evidemment, la lutte contre les discriminations directes passe aussi et d'abord par des actions judiciaires.
Laou : Pourquoi ne pas poser directement la question de l'origine aux individus interrogés dans les enquêtes (comme aux Etats-Unis) ?
Si je comprends bien, vous pensez qu'une question directe, du genre "De quelle origine êtes-vous ?" serait plus simple que des questions sur les pays de naissance ou les anciennes nationalités des parents. Ce genre de question est possible en France mais rarement utilisé. Chaque fois que c'est possible, il est préférable de s'appuyer sur des critères plus "objectifs", comme ceux dont on dispose dans l'état civil.
JBrenaud : Ces statistiques ethniques n'existent-t-elles pas déjà via le marketing ethnique ? Des cabinets de conseil en marketing ethnique proposent des études de marché et des panels sur des populations "africaines" et "nord-africaines" à de gros clients pour les besoins de leur nouveaux produits ciblés...
Le repérage de clients ayant tel ou tel profil n'est pas nécessairement une "statistique", si elle n'a pas pour objet de mesurer. Il faut s'adresser à la CNIL pour voir ce qu'il est possible de faire dans ce domaine. Normalement, la conservation de données ethniques dans des fichiers de gestion est interdite par le code pénal et même sévèrement punie.
SG : N'y a-t-il pas à vos yeux un risque d'utilisation déviée de telles statistiques ethniques (par les groupes d'extrême droite notamment) ?
S'il s'agit de statistiques anonymes, il n'y a pas de danger pour les personnes. Maintenant, si vous faites allusion à l'utilisation que pourraient faire des groupes particuliers de telle ou telle donnée statistique, c'est au débat contradictoire des experts et des citoyens qu'il appartient de régler le problème. Aucun statisticien ne peut contrôler a priori la réception qui sera faite de ses chiffres.
Si je donne des niveaux de diplômes par département, je ne peux pas empêcher que des utilisateurs stupides ou malveillants veuillent en conclure que la Lozère est plus ou moins intelligente que le Pas-de-Calais. L'essentiel (et la législation est très protectrice là-dessus), c'est que, à la source, on ne stigmatise personne dans le choix des critères. La CNIL, notamment, veille soigneusement à ce que la production de statistiques et, en amont, la collecte des données, respecte des normes de finalité, de scientificité et de protection.


Le NPA présente une candidate voilée dans le Vaucluse
LEMONDE.FR | 03.02.10
AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI

Olivier Besancenot, dimanche 22 avril à Paris.



Pour le dirigeant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, il n'y a aucun problème à ce qu'une femme qui porte le voile se présente aux régionales sous la bannière du parti. "Il y a une fille qui porte un léger voile sur la liste du Vaucluse", déclare Pierre-François Grond, porte-parole national du parti, confirmant une information du Figaro de mercredi 3 février.
"Notre parti accueille des jeunes, chômeurs, précaires, salariés de tous horizons qui se reconnaissent dans ses idéaux, a argumenté M. Grond. La foi est une question privée qui ne saurait faire obstacle à la participation à notre combat dès lors que les fondamentaux laïcs, féministes et anticapitalistes de notre parti sont sincèrement partagés".
Selon Le Figaro, Olivier Besancenot a lui-même fait circuler cette information lors d'un déplacement en Ile-de-France, où il est tête de liste. Il aurait indiqué qu'"une femme peut être 'féministe, laïque et voilée'. Et encore qu'une femme voilée, 'c'est l'image de notre intégration dans les quartiers'". Toujours selon le quotidien, il s'agirait d'Ilham Moussaïd, "étudiante et trésorière départementale de son parti, membre du comité populaire à Avignon"
Un communiqué du NPA, qui ne donne pas l'identité de la jeune femme, explique que "le choix du NPA du Vaucluse" avait été fait "après un débat sérieux et complexe". Cette candidate est "une militante féministe, anticapitaliste, internationaliste qui estime devoir porter le voile en raison de ses convictions religieuses", peut-on lire dans ce document.

Drogues : le cannabis s’enracine, la cocaïne progresse
LEMONDE.FR | 04.02.10 Cécile Prieur

C'est un panorama inédit sur la consommation de drogues en France, qui brosse un paysage profondément bouleversé depuis dix ans. L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), l'organisme indépendant de référence sur la question rend public un ouvrage, jeudi 4 février, synthétisant les résultats de son dispositif Trend d'observation créé en 1999. Après les années 1970 et 1980, qui correspondent schématiquement à la diffusion puis au déclin de l'héroïne, et les années 1990, qui ont été celles de l'implantation du cannabis, les années 2000 inaugurent l'arrivée de la cocaïne, qui semble promise à un bel avenir. Les dix dernières années sont également marquées par une augmentation, en volume, du nombre d'usagers de drogues et une diversification des publics qui les consomment. La drogue dite dure n'est plus réservée aux milieux marginaux : elle touche aussi bien des jeunes en errance que des classes moyennes ou favorisées. Les consommateurs sont moins adeptes d'un produit en particulier que polyconsommateurs de substances, qu'elles soient licites ou illicites : quand ils sont usagers de cocaïne ou d'ecstasy, ils consomment aussi souvent du cannabis, de l'alcool et du tabac. " La consommation de drogues n'est plus synonyme de rébellion, explique Jean-Michel Costes, directeur de l'OFDT et coordonnateur de l'ouvrage. Elle signe plutôt une forme de suradaptation à la société actuelle. "
L'enracinement du cannabis. Après la dernière décennie marquée par l'augmentation constante de l'usage de cannabis, sa consommation s'est stabilisée mais à un niveau élevé. Le cannabis est aujourd'hui le produit illicite le plus fréquemment consommé en France, avec 1,2 million de consommateurs réguliers et 550000 consommateurs quotidiens.
Pour ces usagers, la consommation est devenue routinière, elle s'inscrit dans un réseau de sociabilité où le produit est très implanté. " Fumer du cannabis devient alors “normal”, au double sens d'un acte “non réfléchi”, “automatique” et d'une adhésion à la “norme” du groupe social auquel appartient l'individu", note l'OFDT. Les stratégies pour obtenir du cannabis sont intégrées au quotidien : la majorité se le procure auprès de proches, un tiers recourt à des dealers et 10% cultivent des plants de cannabis. L'initiation se fait en moyenne à 15 ans, moins dans le cadre festif qu'au quotidien, au contact d'autres jeunes. La fin de l'adolescence et la période de prise d'indépendance sont fréquemment des moments de consommation compulsive, qui se réduisent au fil du temps pour une majorité de consommateurs. Mais des formes "d'usage dur", lié à des situations de désœuvrement social, sont également observées.
L'excellente image de la cocaïne. Les années 2000 constituent un tournant dans la disponibilité de la cocaïne en France, qui entre alors dans une phase de " diffusion large". Parmi les 18-44 ans, le niveau d'expérimentation triple entre 1992 et 2005, passant de 1,2% à 3,8%. En 2005, le nombre d'expérimentateurs de cocaïne au cours de la vie était estimé à environ 1million de personnes, pour environ 250 000 qui en ont consommé au cours de l'année. Bénéficiant d'une image " extrêmement positive ", la cocaïne touche toutes les des classes d'âge dans des milieux sociaux très hétérogènes. " Perçue comme une drogue festive, et somme toute peu dangereuse, elle semble en phase avec une période où la performance est socialement très valorisée ", explique l'OFDT. La technique du chauffage de la cocaïne mélangée à du bicarbonate pour la consommer fumée ("free-base", soit le même produit que le crack) est de plus en plus en vogue. La cocaïne se diffuse également hors des agglomérations, notamment dans les quartiers périphériques, où le deal de cocaïne se greffe désormais sur celui du cannabis.
La " ringardisation " de l'ecstasy. Produit emblématique des "nouvelles drogues" des années 1990, très liée à l'essor de la culture techno, l'ecstasy a connu une phase de progression importante jusqu'au début des années 2000. Cette petite pilule colorée, facilement ingérable " était alors, après le cannabis, le produit illicite par lequel des centaines de milliers de jeunes sont entrés dans la consommation de substances illicites", explique l'OFDT.
Arrivée à une phase plateau en 2002, sa consommation décline pour s'établir toutefois à 900 000 expérimentateurs en 2005 (essentiellement des moins de 25 ans) et 200000 usagers occasionnels. Tout en restant " pour beaucoup de consommateurs novices, la porte d'entrée “idéale” dans l'usage de substances psychoactives ", elle s'est banalisée au point d'être considérée comme une substance démodée, voire ringarde. " Il en va ainsi des substances psychoactives comme des produits de consommation les plus banals, note l'OFDT. Elles connaissent des cycles de vie, scandés par des successions temporelles marquées par la naissance, l'apogée et le déclin. "
Le retour en grâce de l'héroïne. L'introduction de traitements de substitution à l'héroïne (Subutex et méthadone) afin d'enrayer l'épidémie d'overdoses qui touchait les toxicomanes, avait entraîné sa moindre consommation dans les années 1990. Mais l'héroïne est réapparue à partir de 2006 en se diffusant relativement rapidement: le deal de rue est ainsi de nouveau visible à Paris et à Lille. Ce retour en grâce s'explique par l'effacement de la mauvaise image du produit, qui n'est plus connecté au " junkie " héroïnomane. L'héroïne n'est alors plus injectée par seringue mais sniffée ou fumée. Ces nouveaux modes de consommation ont fait régresser la crainte de l'overdose, liée à tort à la seule pratique de l'injection. Le retour de l'héroïne s'explique également par le détournement de la prise de Subutex, devenue une drogue de rue très répandue : paradoxalement, l'accès facile au Subutex a dédramatisé le risque de la dépendance à l'héroïne, rendant d'autant plus attrayante sa consommation.
"Drogues et usages de drogues : Etat des lieux et tendances récentes 2007-2009" et "Les Usages de drogues illicites en France depuis 1999 vus au travers du dispositif TREND". Documents consultables sur www.ofdt.fr.

Nécrologie
Howard Zinn, historien américain
LE MONDE | 02.02.10 Thomas Wieder


AP/Dima Gavrysh

L'historien américain Howard Zinn est mort le 27 janvier 2010 à Santa Monica, en Californie.

Figure de la gauche intellectuelle américaine, connu du grand public pour son Histoire populaire des Etats-Unis, l'historien Howard Zinn est mort d'une crise cardiaque, mercredi 27 janvier, à Santa Monica (Californie). Il avait 87 ans.



Dates clés
24 août 1922 Naissance à New York.
1964-1988 Professeur à l'université de Boston (Massachusetts).
1980 Parution de "A People's History of the United States".
27 janvier 2010 Mort à Santa Monica (Californie).

Né le 24 août 1922, ce fils d'immigrés juifs polonais grandit à New York, où son père gagne péniblement sa vie en vendant des bonbons. C'est là qu'il connaît sa première expérience professionnelle, comme ouvrier sur les chantiers navals de Brooklyn, avant de rejoindre l'armée de l'air en 1943. Cette expérience à bord des bombardiers B-17 transformera en pacifiste viscéral celui qui s'était engagé dans la guerre par antifascisme.
Profitant du GI Bill, une loi de 1944 permettant aux soldats démobilisés de pouvoir s'inscrire à l'université gratuitement, Howard Zinn étudie à Manhattan, à New York University (NYU) puis à Columbia, où il obtient son doctorat d'histoire, en 1958. Il fera carrière dans l'enseignement supérieur. D'abord au Spelman College d'Atlanta (Géorgie), connu pour être le plus ancien établissement de ce type à avoir accueilli des étudiantes noires ; ensuite à l'université de Boston (Massachusetts), où il enseigne de 1964 à 1988. Il s'y fera notamment remarquer en s'opposant frontalement au président de l'université, John Silber, réputé pour son conservatisme.
Icônes écornées
C'est toutefois pour ses interventions en dehors du champ strictement académique qu'Howard Zinn se fera connaître. En s'engageant, dès la fin des années 1950, dans le mouvement des droits civiques contre la ségrégation raciale. Et surtout en militant, au cours de la décennie suivante, contre l'intervention américaine au Vietnam. Un geste, en particulier, contribuera à sa notoriété. Il s'agit de son voyage à Hanoï pendant l'offensive du Têt, en janvier 1968, aux côtés du révérend Daniel Berrigan. Les images des deux hommes assistant à la libération de trois pilotes américains prisonniers des Nord-Vietnamiens feront le tour du monde.
Représentant d'une gauche volontiers qualifiée aux Etats-Unis de "radicale", c'est à l'histoire de cette mouvance, et en particulier à celle des luttes politiques et sociales de son pays, qu'Howard Zinn a consacré l'essentiel de ses recherches. Après un premier travail sur le "massacre" de Ludlow (Colorado), en avril 1914, l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire du mouvement ouvrier américain, il s'intéresse, dans le cadre de sa thèse, à la figure de Fiorello LaGuardia (1882-1947), un maire de New York connu pour sa sensibilité aux questions sociales et son engagement en faveur du New Deal de Franklin D. Roosevelt. Le prix que l'American Historical Association lui décerne, en 1959, pour cette étude l'impose comme l'un des historiens les plus en vue de sa génération.
Historien prolifique, dramaturge à ses heures, auteur de nombreux essais sur le racisme, le monde ouvrier, l'anarchisme, l'idée de guerre juste ou la notion de désobéissance civile (certains ont été rassemblés dans The Zinn Reader. Writings on Disobedience and Democracy, Seven Stories Press, 1997), Howard Zinn reste toutefois connu principalement pour un livre : A People's History of the United States.
Paru en 1980, réactualisé au fil des années, traduit en français, en 2002, sous le titre Une histoire populaire des Etats-Unis (éd. Agone), ce récit résolument engagé, qui écorne quelques icônes (des Pères fondateurs de la démocratie américaine aux présidents démocrates du XXe siècle), sans manquer de célébrer les opprimés et leurs défenseurs, est devenu un véritable best-seller. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires en trente ans, cité comme référence aussi bien par l'acteur Matt Damon que par le chanteur Bruce Springsteen, il fait partie des rares livres d'histoire à avoir, aux Etats-Unis, connu un tel succès. Au point de se voir adapté en bande dessinée (la traduction française a été publiée, en 2009, chez Vertige Graphic).

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