vendredi 13 mai 2016

Les 70 ans de Lucky Luke

Voici à quoi ressemblait, en décembre 1946, le célèbre Lucky Luke lors de sa première apparition dans une BD; c'était une histoire intitulée Arizona 1880, dans l'almanach Spirou fondé par Jean Dupuis, et elle annonçait déjà la couleur de notre cow-boy: joyeux drille, sur son éternel compagnon Jolly Jumper, fredonnant des airs et prêt à aider tout le monde, mais pas de cigarette aux lèvres pour l'instant:


Depuis, des dizaines d'aventures pour construire en 70 ans tout un univers qui n'a jamais arrêté de tourner et de grandir: plus de 70 albums (le dernier en date, Les tontons Dalton, a été publié en 2014 chez Lucky Comics, Dargaud) et plus de 300 millions d'exemplaires vendus, sans compter les films d'animation et autres produits associés, ont fait de Lucky Luke un véritable best-seller de la BD.


Et pendant ce temps il a un peu changé; sa tenue, d'abord. Au début c'était, dit-on, un clin d'oeil du dessinateur Morris à sa Belgique natale (qu'on ne s'y trompe pas, Morris n'est en réalité qu'une graphie alternative pour Maurice, le vrai prénom de l'auteur): pantalon noir, chemise jaune, foulard rouge, les trois couleurs du drapeau belge. Bientôt, notre héros ajoutera un boléro (gilet) noir qu'il ne quittera plus et troquera son pantalon noir contre un jean qui sera tout naturellement bleu; les bottes marron et le chapeau blanc l'ont aussi accompagné pendant toutes ses aventures. Les traits arrondis et tout simples des personnages ont également évolué au fil du temps, passant d'une esthétique assez naïve, inspirée du dessin animé de l'époque, à une apparence bien plus stylisée et complexe dont témoigne la longue mèche noire de Lucky Luke, devenue progressivement l'un de ses traits caractérisques.


Morris était au début le seul auteur des aventures de Lucky Luke, il s'occupait des dessins et écrivait des scénarios qu'on a considérés parfois comme plutôt pauvres, l'essentiel restant l'image et la sensation de mouvement. Cependant, dans les années 1950 il rencontre aux États-Unis René Goscinny (eh oui, le co-auteur, entre autres, d'Astérix avec Uderzo, d'Iznogoud avec Tabary ou du Petit Nicolas avec Sempé), qui s'occupera désormais des scénarios; ceux-ci deviennent alors plus riches et la série gagne encore des adeptes.
Le fil qui chante (Dupuis, 1977)

Après la mort de Goscinny en 1977, toute une pléiade de scénaristes se sont succédé à sa place, alors que Morris assurait toujours les dessins. En 2001, c'est Morris qui disparaît et c'est un dessinateur français, Achdé (c'est-à-dire H. D., Hervé Darmenton, tout comme Hergé, le créateur de Tintin, était R. G., Georges Rémy) qui s'occupera des dessins, le dernier scénario étant à la charge de Laurent Gerra et Jacques Pessis.


On l'a vu, le cow-boy solitaire ne fumait pas (au moins en public) au début; la cigarette est venue plus tard et est devenue un élément incontournable dans la description du personnage. Cependant, le succès de Lucky Luke outre-Atlantique et les adaptations pour le dessin animé ont entraîné des changements qui sont restés à tout jamais: certains le jugeaient trop violent, d'autres pensaient qu'il n'était pas de bon ton que notre héros se promène à longueur de BD une cigarette aux lèvres, d'où l'apparition du brin de paille dans la bouche de Lucky Luke ou le retour des frères Dalton, qui avaient pourtant été pendus quelque temps auparavant...

Bref, le cow-boy solitaire, celui qui est censé représenter le bien qui lutte contre le mal, qui combat les injustices partout dans le Far West et surtout celui qui 'tire plus vite que son ombre', fêtera cette année ses 70 ans avec ses compagnons de voyage: Jolly Jumper, un cheval tellement intelligent qu'il est capable de tirer son maître des pires difficultés et qui sait même jouer aux échecs; Rantanplan, un chien plutôt stupide, incapable d'accomplir les ordres qu'on lui donne, l'antithèse de Rintintin, de Milou ou d'Idéfix; les frères Dalton, du plus petit et méchant (Joe) au plus grand et maladroit (Averell), en passant par Jack et William (sans oublier Ma Dalton, la mère de la fratrie), ou Billy the Kid et Calamity Jane, inspirés de personnages historiques.


L'année sera riche en hommages à Lucky Luke et à son créateur, à commencer par la BD qui vient juste de paraître chez Dargaud, signée Matthieu Bonhomme, sous le titre très alléchant de L'homme qui tua Lucky Luke, ou l'exposition exceptionnelle L'art de Morris - L'homme qui inventa Lucky Luke, qui se déroule au Musée de la Bande dessinée d'Angoulême jusqu'au 18 septembre. Et une nouvelle aventure du cow-boy solitaire est attendue en novembre! Pour plus d'informations, n'hésitez pas à aller sur le site lucky-luke.com.

Joyeux anniversaire, 'poor lonesome cowboy'!

  


vendredi 6 mai 2016

Voyage: Tours et châteaux de la Loire (4)

Le groupe de voyageurs est finalement de retour, voyage sans encombres après avoir parcouru la Touraine pendant quelques jours désormais inoubliables: camaraderie, paysages, histoire, monuments, gastronomie, culture et bien sûr le français, tout était au rendez-vous, y compris les hésitations et la difficulté à communiquer dans une autre langue que la sienne.

Mais lisez plutôt ce que nous racontent les deux profs qui ont organisé le voyage à Tours et aux châteaux de la Loire (sans oublier le Cher ou la Vienne), cela vous donnera peut-être envie de participer la prochaine fois? Et n'hésitez pas à nous envoyer vos commentaires!

« Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine. Je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert; je l’aime comme un artiste aime l’art; je l’aime moins que je ne vous aime, mais sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus. » Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée.
« La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu’on l’aime de toute son âme, et qu’on n’est jamais tenté de lui être infidèle. » Anatole France, Les Matinées de la Villa Saïd.
« Et nous voilà de retour! C'est la sixième fois que le Departamento de Francés de l'EOI 1 organise un voyage en France, et l'enthousiasme des professeurs et des élèves qui y participent ne cesse de grandir. En tant que professeurs, nous tenons à faire part des sentiments que nous éprouvons lors de ces petites escapades en France. Tout d'abord, l'inquiétude avant de partir: "Est-ce que tout se passera bien?", "Le voyage sera-t-il à la hauteur des attentes des élèves?". Ensuite, le jour "J" arrive et, au moment du départ, nous savons que oui, que tout ira bien: les visages des participants, même ensommeillés, ne laissent aucun doute: cette année aussi nous allons passer quelques jours magnifiques. Des journées où nous découvrons (ou redécouvrons) des lieux incontournables, des lieux touristiques mais aussi la France profonde, des journées où nous avons l'occasion de parler la langue que nous aimons, avec les Français mais aussi avec nos élèves, des journées où nous rions ensemble et où nous vivons des situations parfois invraisemblables, des journées où on voit se tisser des liens personnels qui ne seraient pas possibles ailleurs. Et finalement, le retour. Les longues heures dans l'autocar nous permettent de passer encore un peu de temps ensemble en savourant les souvenirs de tout ce que nous avons vu et fait et en éprouvant déjà une certaine nostalgie. Alors, nous vous disons: "À l'année prochaine... peut-être!" »
Et voici quelques photos qu'elles ont prises au hasard des visites; le château de Chenonceau:




La ville d'Amboise et la Chapelle Saint-Hubert où repose la dépouille de Léonard de Vinci:




Les célèbres maisons à colombages et les terrasses de la place Plum' (Plumereau) à Tours,




Azay-le-Rideau avec le guide et de belles tulipes blanches:




Chinon la médiévale, où Jeanne d'Arc a rencontré le roi Charles VII,




Le château de Chambord et son escalier magique...




Nous remercions très vivement nos deux collègues d'avoir organisé ce nouveau voyage (et tout ce qui va avec: dossier pédagogique, déplacements, hôtel, visites guidées, soutien personnalisé... tant de travail qu'on ne voit pas!) et nous en profitons pour féliciter aussi les 41 intrépides voyageurs qui ont osé franchir le pas de cette porte souvent difficile qu'est la langue française: nous sommes absolument certains qu'ils auront envie de recommencer dès que l'occasion se présentera.

lundi 2 mai 2016

Le Boléro, de Maurice Ravel

Cette année, le 1er mai sera célèbre pour autre chose que pour la fête du travail ou la fête du muguet. En effet, le 1er mai 2016 est le jour où le Boléro de Maurice Ravel est tombé dans le domaine public, 88 ans après sa première interprétation à l'Opéra de Paris.
Composée à des fins plutôt expérimentales, cette musique de ballet, dont l'auteur disait "Je n'ai écrit qu'un seul chef-d'oeuvre, malheureusement il ne contient pas de musique" tire sa force des effets d'orchestration et d'un crescendo qui reste sans doute le plus célèbre du monde.



« On a coutume de dire qu’une exécution du Boléro commence toutes les dix minutes dans le monde. Puisque l’œuvre dure dix-sept minutes, elle est donc jouée à tout moment quelque part », explique Laurent Petitgirard, compositeur et président de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). « Et on peut penser qu’on va l’entendre encore plus à présent, dans des publicités ou dans des films. »